Exposition « Hommage aux pêcheurs » du 16 au 27 avril 2018 à Essaouira

1 mai 2018 | 0

Hommage en couleursexpos pêcheurs essaouira

En parfaite symbiose, les deux artistes nous invitent à un voyage riche en couleurs pour nous faire découvrir (redécouvrir) certains des secrets de la mer souvent tus par les artistes depuis peut-être Auguste Renoir avec son « village des pêcheurs ».

Pour ce faire, ils nous guident par un « fil d’Ariane » maillé par les mains agiles de femmes et d’hommes voués, des années durant, à l’exploitation de la quintessence de la mer.

Ainsi, en suivant les traces de ce « fil », nous pénétrons ce monde merveilleux de la mer et du marin. Le marin-pêcheur qui se livre, à cœur joie, à remmailler ses filets déchirés par les aléas des longues et répétitives escapades dans le large au milieu des flots, loin de la terre ferme et des siens.

Les superbes photographies d’Anne-Marie Parmentier nous plongent, tout de go, dans l’enchevêtrement inextricable de filets pris dans toutes leurs formes et couleurs, dans tous leurs genres, dans toute leur extravagance…

La talentueuse photographe, avec un professionnalisme hors pair, nous émerveille avec ses 100 magnifiques photos-tableaux, non seulement pour le plaisir des yeux mais aussi pour interpeller notre entendement et notre sensibilité à la dextérité de l’auguste pêcheur. Du bord de son chalutier ou dans son atelier, ou tout simplement à même le sable fin de la plage, il se livre à cet ouvrage délicat et fascinant.

Abdallah Aourik, quant à lui, nous extirpe des filets pour nous faire observer l’homme qui les raccommode. En doyen des artistes-peintres de la région, il nous présente les autres facettes de cet ouvrage auquel, dans chacun de ces tableaux, il associe la dimension humaine. Le pêcheur est certes présenté tel un être fabuleux qui nourrit les terriens de ses prises marines, mais cette fois, l’artiste-peintre s’est résolu à rendre hommage aux pêcheurs en leur dédiant une technique picturale toute neuve et atypique. En fait, au lieu de recourir à des couleurs et des formes criardes et prétendument valorisantes pour le sujet peint, Aourik adopte un stylisme sobre et admirablement allusif. Ce qui crée chez l’observateur, au-delà de l’admiration, une sorte de compassion au sort des pauvres pêcheurs et au sort des leurs. L’auteur agit en connaissance de cause pour avoir connu et côtoyé ces pêcheurs et leurs familles martyres tant dans l’aftas du village Imsouane que dans les villes portuaires dont Essaouira a le mérite de l’avoir accueilli à maintes reprises.

Pour la réhabilitation des oubliés de la mer

A leurs risques et périls, les pêcheurs défient la mer depuis la nuit des temps pour nous faire vivre. Mais qu’a-t-on faire pour eux en retour ? Le Maroc, par exemple, compte près de 60 000 pêcheurs qui vivent dans des conditions de précarité et parfois d’abandon. Alors que dans beaucoup de pays, des festivals et des fêtes de la mer sont organisés en leur honneur, chez nous on suce leur moelle sans aucune reconnaissance ni de l’effort et du risque qu’ils encourent. Rien au Portugal, à Olhao qui est jumelée avec Agadir, on célèbre un grand festival des fruits de la mer rendant hommage au travail des pêcheurs et mettant en valeur les produits halieutiques. Même nos artistes ne se soucient guère du sort de ces artisans de la mer taillables et corvéables à merci.

Il est alors grand temps que nos décideurs, nos politiques, nos intellectuels et nos artistes s’attellent à la tâche pour réhabiliter les métiers de la mer. Une journée dédiée uniquement à la mer ferait profiter tout le monde de ses richesses. J’invite particulièrement les artistes à se pencher sur ce sujet pour immortaliser les gestes ancestraux des pêcheurs tels le ramendage, le matelotage, le tressage, la pêche artisanale, la vente à la criée et d’autres gestes encore.

Ce que font l’artiste-peintre Abdallah Aourik et sa collègue l’artiste-photographe Anne-Marie parmentier est digne d’être donné en exemple. Ils exposent du 16 au 27 avril à l’espace Associatif Culturel et Artistique, Place Moulay Hassan à Essaouira un panel de tableaux et de photographies en hommage aux pêcheurs. La double exposition vise non seulement à susciter l’admiration des visiteurs mais aussi à la juste appréciation des métiers nobles et durs des pêcheurs.

  1. N.

 

 

 

 

 

 

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